Eglise St Pierre

L’église de St.-Pierre est construite sur une motte assez élevée, semblable en tout aux anciennes mottes féodales des premiers seigneurs normands, mais que je crois formée simplement par des chemins creux qui entouraient l’enclos consacré. Elle remonte, comme sa voisine, jusqu’à la période romane.
Le portail est flanqué de trois contreforts : deux sont romans.
Près du contrefort central, qui s’élève jusque dans le pignon, est une très-étroite fenêtre cintrée, de style roman.
La porte est surbaissée, avec vantaux à panneaux plissés.
Le mur méridional, construit en blocage, avec feuilles de fougère, est soutenu par trois contreforts plats. Deux fenêtres, du XVII. siècle, éclairent les premières travées ; dans la troisième est une fenêtre moderne. Le mur septentrional a été refait ; mais il y reste un contrefort plat, de la construction primitive.
Le clocher, assis sur l’arc triomphal, à l’extrémité orientale de la nef, est carré, d’une forme peu élégante.
Le mur méridional du choeur est moderne. Le chevet est droit ; la sacristie y est adossée. Au nord sont deux chapelles, l’une en briques avec des pilastres en pierre aux angles; l’autre, avec deux contreforts sur l’angle, est percée dans le pignon d’une fenêtre trilobée. La plus grande de ces deux chapelles, celle de l’est, est appelée chapelle de Brancas.
L’intérieur de l’église renferme des objets d’ameublement curieux.
La voûte du choeur est une carène ogivale en merrain, sans trace d’entraits ni poinçons.
L’autel date du règne de Louis XIV ; il se compose de deux colonnes corinthiennes, cannelées, rudentées, portant un entablement droit. Le tableau représente l’Assomption de la Vierge ; il est entouré d’un cadre à feuillage de laurier enlacé de rubans.
Le tabernacle est d’une dimension assez considérable. C’est un pavillon semi-hexagonal terminé en dôme. Dans les niches de ses faces sont cinq petites statuettes : sur la porte, le Sauveur du monde ; à droite et à gauche, les quatre évangélistes avec leurs attributs distinctifs.
Cet autel en cache un plus ancien et plus simple : une table de pierre, seulement biseautée, portée sur deux piliers de maçonnerie.
L’arc triomphal est ogival, sans moulures; mais il pourrait remonter à la période de transition.
A droite et à gauche sont deux petits autels. Celui du nord, consacré à la Vierge, est garni d’un parement en cuir gaufré, peint et doré, où sont figurés des rinceaux et des fleurs. Le retable se compose de deux colonnes torses avec des ceps de vigne enroulés, au milieu desquels jouent, ou se poursuivent, des serpents, des salamandres, des reptiles de toute sorte, des oiseaux, des escargots, etc. Le centre était autrefois occupé par un tableau, représentant une Vierge au Scapulaire, qu’entourait un beau cadre à feuillages dans le style Louis XIV, comme le reste. Ce tableau est maintenant relégué contre un des murs, au bas de la nef.
L’autre petit autel n’a pas de style ; il encadrait aussi un tableau singulier: saint Pierre, assis de face, la tête coiffée de la tiare à triple couronne , couvert de riches vêtements sacerdotaux et tenant d’une main un sceptre, de l’autre la croix à triple croisillon ; un large cadre noir avec de légers rinceaux dorés entoure la toile et donne à l’ensemble un aspect sévère. Ce tableau fait pendant à celui du petit autel de la Vierge, et une niche sans style a pris sa place primitive.
Deux autres tableaux garnissent encore les murs. L’un représente des moines priant et lisant devant un cadavre ; au bas on lit : s. MEV 1643. Dans un coin est un petit écusson d’argent à un lion rampant armé et lampassé de sable, entouré du collier de saint Michel. Vis-à-vis est un saint Quentin. Il est de même dimension que le précédent et porte aussi au coin un blason accolé : le premier de gueules à l’écusson d’azur portant un lac d’amour d’or accompagné de six fermaux aussi d’or, en orle; le second d’azur à deux roses d’or posées en chef, et un fer de lance aussi d’or en pointe.
Les deux chapelles du nord communiquent avec le choeur par deux arcades en planches, avec la nef par une arcade ogivale informe, et à droite de l’autel de la Vierge par une sorte de trou carré.
La première chapelle, la plus voisine du chevet, est voûtée en forme de carène ogivale en merrain, avec un entrait Dans l’ameublement il n’y a rien de remarquable qu’une antique statue d’évêque.
L’autre chapelle est voûtée en pierre avec nervures prismatiques tombant jusqu’à terre dans les angles. Sur la clef de voûte est figuré un écusson, non blasonné, entouré de traceries flamboyantes.
Devant le portail est un if qui mesure, à sa partie moyenne, 14 pieds de circonférence. Il est creux, mais ses branches ont encore une grande vigueur de végétation.
Le patronage de cette église, comme celui de St.-Nicolas, avait été donné dès la plus haute antiquité au prévôt de Normandie dans le chapitre de Chartres ; on le retrouve également, au XVIIIe. siècle, entre les mains du seigneur laïque. Elle dépendait du doyenné de Touques.

source : Societe Historique de Lisieux