Le Manoir de Brancas

... « Un mystérieux manoir aux Authieux-sur-Calonne . L’auteur de ces lignes s’attardait à chanter la gracieuse rivière et, muni des précieux renseignements de la «Statistique Monumentale » d’Arcisse de Caumont et des indications des guides actuels, interrogeait les habitants, le garde-champêtre et l’instituteur sur l’emplacement du manoir de Brancas.
Peine perdue! Personne ne connaissait ce manoir, « inconnu aux Authieux. Et cependant il existe. Un vrai mystère, alors! », concluait le journaliste malchanceux....

Le manoir de M. L.... est bien connu de tous les habitants des
Authieux qui n'auront pas gardé le souvenir des Brancas, de ces Brancas qui pendant tout le XVIIIe siècle et jusqu’à la Restauration défrayèrent la chronique mondaine par leur existence d’un faste hallucinant. Faut-il rappeler que de son bisaïeul, le Marquis de Lassay, le Comte de Brancas-Lauraguais avait reçu le château du Mont-Canisy qu'il transforma en un extraordinaire palais blanc, théâtre de réunions et de fêtes auprès desquelles les spectacles de notre actuel Deauville ne sont que de pâles reflets ?

Ce « grand seigneur révolutionnaire », Louis Félicité de Brancas, comte de Lauraguais, et son frére Antoine Buphile de Brancas, comte de Brancas, qui donnèrent leur nom au manoir des Authieux. Ces « très hauts et très puissants seigneurs » possédaient, en 1760, par indivision, la terre et seigneurie des Authieux-sur-Calonne et la nomination à la cure des deux églises: Saint-Nicolas (encore appelées Saint-Meuf et Saint-Pierre.

Le manoir de Brancas — pour lui conserver le nom de ses derniers seigneurs — est une construction de la fin du XVIème siècle: un corps de logis principal flanqué d’une aile, est surmonté d’un haut toit qui a reçu récemment une couverture d’ardoises et perdu ses lucarnes; l’appareillage des façades à un étage a conservé le charme de l’époque, avec ses briques roses se combinant avec la pierre dans une disposition fantaisiste qui n’a plus la régularité du damier et n’a pas encore la sévérité du chainage vertical. Un modeste mur d’enceinte, une pièce d’eau, teintée de lentisques, sont aujourd’hui les seules protections de l’enclos; ils ajoutent une note pittoresque à cet élégant manoir qui reste une demeure rurale très vivante, alors que sur les hauteurs du Mont-Canisy le château de Lassay n’offre plus que deux pans de murs qui inspirèrent à Flaubert une « leçon de néant  [...] » (1)
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(1) Dr. Jean Bureau - revue de l'Association Le Pays d'Auge - septembre 1955, p. 1.

Le Manoir aujourd'hui